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Démocratisation : entretien avec deux anciens tuteurs

par redacteur

 

« Ce qui nous anime, c’est d’aider les élèves à réussir »

 

Entretien avec Léa Kygo et Antoine Hurtaut, anciens tuteurs du programme de démocratisation. 

Léa Kygo, 20 ans, en 3e année à l’IEP de Lille, a été tutrice d’élèves de Seconde au lycée Corot de Douai de 2019 à 2020.

Ancien élève de Sciences Po Rennes, Antoine Hurtaut a été tuteur d’élèves de Terminale au lycée Charles de Gaulle à Vanne. Il est désormais chargé de mission Etudes et Méthodes, à RATP Dev.

 

Léa Kygo

Entretien avec Léa Kygo et Antoine Hurtaut, anciens tuteurs du programme de démocratisation. 

Léa Kygo, 20 ans, en 3e année à l’IEP de Lille, a été tutrice d’élèves de Seconde au lycée Corot de Douai de 2019 à 2020.

Ancien élève de Sciences Po Rennes, Antoine Hurtaut a été tuteur d’élèves de Terminale au lycée Charles de Gaulle à Vanne. Il est désormais chargé de mission Etudes et Méthodes, à RATP Dev.

 

Comment êtes-vous devenus tuteur du programme de démocratisation au sein d'un établissement ? 

Léa Kygo, tutrice d’élèves de Seconde :

Ancienne préparationnaire aux concours d’entrée des IEP, je sais à quel point le fait de suivre une préparation (classe préparatoire ou autre) accroit les chances de réussite aux concours Sciences Po. Le problème est que cette possibilité, souvent onéreuse, n’est pas à la portée de tous et peut donc fermer la porte des IEP (et des Grandes Écoles, en général) à des élèves prometteurs issus de milieux modestes. Ayant moi-même eu l’opportunité d’intégrer une classe préparatoire publique après mon bac, il me semblait normal de m’investir auprès d’élèves aux parcours proches du miens et aux aspirations identiques. 

Antoine Hurtaut, tuteur d’élèves de Terminale :

Je suis devenu tuteur du lycée Charles de Gaulle de Vannes après avoir rencontré l'un des responsables de sa prépa au Concours commun durant l'été 2016. Il avait en effet été l'un de mes clients au club de kayak où je travaillais. Lorsqu'il m'a proposé d'intervenir dans son établissement, je lui ai spontanément donné mon accord. J'ai toujours eu envie de partager mon expérience de sciencepiste auprès de lycéens et lycéennes qui voudraient suivre le parcours qui a été le mien. S’en est donc suivi un partenariat qui s’est écoulé sur deux années (2016-2017 et 2018-2019, alors que j’étais respectivement en deuxième et quatrième année). 

 
Pouvez-vous nous raconter le premier contact avec les élèves ? Quelles étaient leurs questions lors de cette première séance ?

Léa Kygo, tutrice d’élèves de Seconde :

J’ai rencontré les élèves dont j’étais la tutrice à l’occasion de leur première venue à Sciences Po Lille. Nous avons beaucoup discuté des raisons pour lesquels ils souhaitaient intégrer un IEP, de leurs projets professionnels mais aussi de mon parcours et des IEP. En fait, la plupart de leurs questions portaient sur ces deux derniers sujets : quel avait été mon parcours scolaire jusqu’à Sciences Po Lille, comment avais-je vécue mon année de préparation aux concours et quelle avait été la charge de travail, quels enseignements dispensait un IEP, quels étaient les débouchés…

Antoine Hurtaut, tuteur d’élèves de Terminale :

Lors des premières minutes de mes séances, j'ai toujours trouvé les élèves attentifs mais assez peu loquaces. Sans doute sont-ils un peu impressionnés par la présence d’étudiants de l’IEP ? Mais leur réserve initiale s’estompe assez vite lorsque je passe d’une présentation du cursus à une partie plus méthodologique qui fait appel à leurs connaissances. On repère alors assez vite ceux qui ont le plus de potentiel en vue des épreuves.

 

« J’ai aimé conseiller les élèves, les motiver »


Comment se déroule le suivi des élèves ? Quels aspects vous ont passionné le plus ? 

Antoine Hurtaut, tuteur d’élèves de Terminale :

Le suivi des élèves se déroule essentiellement à travers les séances au sein du lycée. À cela s’ajoutent leurs venues au sein de Sciences Po ou des rendez-vous pris à l’occasion des portes ouvertes. Quelques élèves m’ont contacté à travers les réseaux sociaux, même s'ils sont assez peu nombreux en définitive. 
J'ai toujours trouvé que la transmission d'une expérience est un exercice passionnant, surtout si l'on pense que cela peut servir à d'autres. C'est également une occasion formidable pour faire le bilan de tout ce qu'on a pu apprendre. 

Léa Kygo, tutrice d’élèves de Seconde :

Du fait de la crise sanitaire et du confinement, le suivi des élèves a principalement été virtuel, notamment les derniers mois précédant la remise des travaux. En dépit de ces contraintes (qui ont également eu pour conséquence l’annulation des soutenances et la conception d’un diaporama), j’ai aimé conseiller les élèves, les motiver tout au long de l’année et surtout faire appel à mon sens de la créativité en vue de démarquer notre projet de celui des autres.

Antoine Hurtaut

« L’objectif est de faire rêver les élèves et leur montrer que l’objectif est atteignable »


Quelles sont les qualités d'un bon tuteur ou d'une bonne tutrice ? Quels conseils donneriez-vous à un élève de SPR qui voudrait se lancer ? 

Antoine Hurtaut, tuteur d’élèves de Terminale :

Un bon tuteur est avant tout un ambassadeur de Sciences Po Rennes. Il faut donc avoir envie de parler de notre école avec une certaine passion... L'objectif étant de faire rêver les lycéens et de leur montrer que l'intégrer est un objectif atteignable s'ils s'en donnent les moyens. À ce pré-requis indispensable, j’ajoute qu’il faut avoir envie de transmettre des méthodes de travail aux lycéens pour les armer au mieux en vue du concours... méthodes qui pourraient également leur être utiles le jour du Baccalauréat. 
Enfin, il faut être prêt à donner du temps aux lycéens pour répondre à leurs demandes... ce qui se fait toujours plus naturellement lorsqu'on aime son école ! 

 Léa Kygo, tutrice d’élèves de Seconde :

Je serai malheureusement incapable de dresser une liste exhaustive de qualités à avoir, mais je dirais qu’il est essentiel d’être disponible et surtout d’être animé(e) par son engagement initial auprès des élèves : celui d’accroitre leurs chances de réussite en les familiarisant aux attentes des IEP. Des qualités organisationnelles sont aussi requises car il est nécessaire de bien s’organiser soi-même en amont afin que les élèves puissent, en aval, disposer d’un temps raisonnable pour accomplir sereinement le travail attendu. Enfin, la capacité à faire appel à sa créativité n’est pas négligeable puisque cette dimension est également valorisée par le jury.


«Cette expérience a été très enrichissante»


Que gardent les élèves de cette expérience à la fin du programme ? Quels retours vous ont-ils fait ?  

Antoine Hurtaut, tuteur d’élèves de Terminale :

J’ai eu assez peu de retours en direct de la part des élèves que j’ai accompagné, même si j’ai pu garder contact avec certains d’entre eux. Par contre, les enseignants du lycées Charles de Gaulle m’ont fait savoir qu’ils étaient satisfaits de mon implication aux côtés de leurs élèves. 

Léa Kygo, tutrice d’élèves de Seconde :

Ils ont bien évidemment été très heureux de se voir décerner le second prix ! Mais plus généralement, ils m’ont fait part de leur satisfaction d’avoir pu commencer à se familiariser aux attentes des IEP, d’en avoir appris plus sur les enseignements et débouchés de ceux-ci et d’avoir accru leur culture générale. J’ai été très heureuse de savoir que certains d’entre eux ont toujours l’ambition d’intégrer un IEP et suivent le programme PEI Première cette année.

  
Un souvenir marquant de cette expérience ?

Léa Kygo, tutrice d’élèves de Seconde :

Le jour des résultats ! Notre travail a été classé second par le jury et cela a été une très grande fierté de voir nos efforts récompensés, bien que la première place se soit jouée à un minuscule demi-point. Je tiens à remercier mon groupe d’élèves et leur professeure référente pour leurs investissements et cette expérience très enrichissante !

Antoine Hurtaut, tuteur d’élèves de Terminale : 

J'en donnerai deux ! Le premier est un pique-nique que j’avais organisé avec les candidats du concours 2019... C’était à la mi-journée du concours commun et nous y avions fait des pronostics sur les sujets qui tomberaient l'après-midi... pronostiques qui avaient été les bons ! Quant au deuxième, c'est de savoir que l'une des élèves que j'avais accompagné à par la suite réussi à intégrer Sciences Po Rennes...

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