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Portrait de Benoit Giry

par Chable

Benoit Giry : « Je commence un travail sur la gestion des ressources naturelles, par le prisme des catastrophes »

Benoit Giry est docteur en sociologie, maître de conférences à Sciences Po Rennes et chercheur au laboratoire Arènes (CNRS), au sein duquel il anime le groupe de recherche « Politiques des savoirs environnementaux ». Il codirige le master recherche Analyse des Problèmes Publics (APP).

 

Pourriez-vous décrire en une phrase vos problématiques de recherche ? 

Je travaille sur les dispositifs de gestion. Je m'intéresse à la manière dont les organisations, publiques ou privées, prennent en charge un problème ou organise l'utilisation d'une ressource. Mes travaux m'ont conduit à m'intéresser à la gestion des plaintes des clients dans les grandes entreprises ou la gestion des systèmes d'armes militaires dans les bureaucraties de défense. Je commence aujourd'hui un travail sur la gestion des ressources naturelles à différents niveaux de gouvernance, par le prisme des catastrophes.

 

Quelles sont le ou les courants et revues de recherche que vous suivez particulièrement dans votre discipline ?

J'ai été très influencé par les travaux issus de la sociologie de l'activité, la sociologie des sciences et techniques et la sociologie économique. Je lis régulièrement les principales revues françaises généralistes (revue française de sociologiesociologie du travail, etc.) et les revues plus spécialisées, en fonction de mes besoins. Au niveau international, mes recherches me mènent souvent vers les revues américaines et britanniques, commeAmerican Journal of Sociology, American Sociological Review, ou le British Journal of Sociology

 

« Je suis très attaché à l’articulation entre enseignement et recherche »

 

Avez-vous des méthodologies de recherche que vous affectionnez particulièrement ?

Avec deux collègues du laboratoire Arènes, Thomas Aguilera et Tom Chevalier, nous réfléchissons aux modalités de dépassement des alternatives classiquement opposées en méthodologie des sciences sociales (au premier rang desquelles, l'alternative entre méthodes qualitatives/méthodes quantitatives). Ces "méthodes mixtes" peuvent consister en divers agencements de techniques de recueil et d'analyse du matériau aux implications épistémologiques et techniques variées. En ce moment, je travaille particulièrement à l'analyse quantitative de données textuelles (qui consiste à appliquer les méthodes de la statistique et de l'intelligence artificielle à un corpus de textes) et l'analyse de réseau (qui permet, par un usage de la théorie des graphes, de modéliser les relations sociales au sein d'un groupe pour en faire ressortir la structure). Dans mes travaux, je mobilise aussi, plus classiquement, les instruments des statistiques descriptives et inférentielles, la méthode ethnographique, l'observation (généralement non-participante) et les entretiens (semi- ou non-directifs).

 

Comment parvenez-vous à trouver un équilibre entre vos activités de recherche et d'enseignement à SPR ? Avez-vous des exemples de fertilisation croisée entre ces deux activités ?

Je suis très attaché à l'articulation entre l'enseignement et la recherche constitutive du statut d'enseignant.e-chercheur.se. Mes étudiant.e.s enrichissent souvent, par leurs travaux, leurs remarques et leurs questions, mon activité de recherche. Lors de ma première année à SPR, j'ai eu l'occasion de monter un cours sur la crise environnementale pour le campus des transitions, à Caen, alors que je commençais à travailler sur les questions d'environnement. Leurs remarques tout au long des séances m'accompagnent encore. 

 

Y a-t-il des terrains de recherche que vous aimeriez explorer dans un avenir proche ? 

Les perturbations sociales induites par les mutations de l'environnement ouvrent de nombreux chantiers. Avec quelques collègues du laboratoire Arènes, nous lançons un programme de recherche sur les évolutions que subissent les processus de production et de diffusion des savoirs sous le coup des perturbations environnementales (Politique des savoirs environnementaux). De mon côté, je souhaiterais travailler sur le rôle des économistes dans l'élaboration des politiques publiques en matière de gestion des ressources naturelles.

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