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Le dictionnaire des politiques territoriales

par Chable

Le dictionnaire des politiques territoriales : exemple d’un travail collectif entre chercheurs

Sorti à la rentrée, ce dictionnaire est un outil synthétique pour appréhender les grandes problématiques qui mobilisent les chercheurs en sciences sociales sur la thématique des politiques publiques territoriales. Tour d’horizon des entrées rédigées par les chercheurs de Sciences Po Rennes : la résilience territoriale, les mouvements sociaux et la ruralité.

 

Un ouvrage collectif co-dirigé par Romain Pasquier

« La 1ère édition du Dictionnaire datait de 2011, elle était épuisée. En presque dix ans, la question territoriale a beaucoup bougé avec l'émergence de nouvelles thématiques, de nouveaux cadres d'analyse. D'où l'idée, avec le soutien des Presses de Sciences Po, de faire une seconde édition vraiment nouvelle avec l'écriture d'une introduction analytique, une quinzaine de nouvelles entrées, un fort renouvellement des auteurs. Alistair Cole, Sébastien Guigner et moi-même sommes très fiers du résultat ! »

 

La résilience territoriale, par Benoit Giry

« Mon entrée propose une petite réflexion sur la "résilience territoriale". La notion s'est progressivement imposée dans le lexique des politiques publiques sans que l'on sache très bien en quoi elle consiste : d'où vient la notion ? Quels sont ses domaines d'application ? Désigne-t-elle d'un nouveau registre d'action publique (avec des nouveaux acteurs, de nouveaux instruments, de nouveaux enjeux) ? Que signifie son rattachement aux échelons locaux de gouvernance ? Sans prétendre y répondre, ni même faire un recensement exhaustif des questionnements possibles à son encontre, l'entrée engage sur quelques pistes d'analyse. »

 

Les mouvements sociaux face aux politiques territoriales, par Thomas Aguilera

« Mon entrée porte sur les mouvements sociaux face aux politiques territoriales. Elle tente à la fois de faire un point sur la façon dont on peut définir un mouvement social, sur ses rapports aux territoires mais aussi sur les changements observés dans le rapport entre mobilisations citoyennes et aménagement du territoire notamment. »

 

La question de la territorialisation des mouvements sociaux

« En effet, l’entrée part d’un double constat : d’un côté, il semblerait que depuis la fin des années 1990, plus aucun programme d’aménagement ne puisse être mis en œuvre sans oppositions, parfois fortes, de la part de citoyens ; de l’autre, les discours contemporains (chez les acteurs, praticiens et chercheur-e-s) laissent penser qu’il y aurait une nouvelle territorialisation des mouvements sociaux. La figure archétypique de ces mobilisations est la Zone à défendre (ZAD) qui produit une rhétorique et une action visant à « défendre », « libérer » et « ménager » les territoires, contre les principes même des « Grands projets imposés et inutiles » (GPII) (aéroports, LGV, centrales…). »

 

 

Des mouvements pas complétement nouveaux

« Ceci dit, dans cette entrée, j’explique aussi que ces mobilisations d’occupation telles que les ZAD ne sont pas complètement nouvelles et inédites, mais que ces mouvements sociaux s’inscrivent dans de nouvelles territorialités du politique, sous l’effet de reconfigurations des relations entre l’Etat et ses territoires, entre l’Etat et le capitalisme, entre les modes d’action citoyens et les groupes économiques, le tout dans un double contexte de recentralisation de l’autorité politique et de métropolisation. Si changement il y a, il doit aussi se lire dans des transformations politiques et économiques plus larges que les seuls modes d’action des militants. »

 

Les questions liées à la ruralité, par Léa Sénégas

« Ma participation au dictionnaire des politiques territoriales concernait l’entrée sur la ruralité. L’urbanisation ainsi que le rapprochement des modes de vie entre les territoires ruraux et urbains en France a pu atténuer l’intérêt de la recherche en science sociale pour une analyse spécifique des espaces ruraux. »

 

La ruralité, une catégorie pertinente ?

« L’intérêt premier de cette notice était de réactualiser la pertinence de cette catégorisation. Si l’exode rural de l’après-guerre a grandement participé à leur dépeuplement, l’étalement urbain et le retour à la campagne de certaines catégories de population freinent cette hémorragie depuis les années 1970. Le recul des activités productives traditionnelles, agricultures et agroalimentaires, laisse place au secteur tertiaire qui se développe autour du tourisme, des services à la personne ainsi que des services publics. L’importance de ces activités reste cependant très variable selon les espaces qui se retrouvent en concurrence pour attirer de nouvelles populations temporaires ou résidentielles. »

 

Le rôle joué par les élus locaux

« L’intervention des autorités publiques au sein de la ruralité est toujours bien présente, en témoigne la patrimonialisation de certains espaces pour la protection de l’environnement. Plus rarement imposée par le haut, elle est très souvent portée par les élus locaux qui doivent répondre à des intérêts divergents et conflictuels des populations pour qui les espaces ruraux peuvent être des lieux d’activités économiques, de protection de l’environnement, de résidence ou de tourisme. »

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