Concertation et territoires en transition

> Master Politiques publiques

CONTEXTE

Nous sommes entrés, selon le prix Nobel de chimie Paul Josef Crutzen, dans l’anthropocène : les activités humaines impactent désormais significativement l’ensemble de l'écosystème Terre. Les changements écologiques et climatiques s’accélèrent : phénomènes météorologiques extrêmes, destruction des milieux, perte massive de biodiversité, menace sur les ressources naturelles, pollutions de l’air et de l’eau, etc.

Dans ce contexte nouveau, la transition écologique a pour ambition de transformer un modèle de société basée sur l’exploitation de ressources naturelles épuisables et à forts impacts environnementaux, en un modèle moins consommateur et plus respectueux des écosystèmes.

D’un point de vue opérationnel, il s’agit de définir et de mettre en œuvre différents scenarii d’atténuation et d’adaptation aux changements environnementaux pour anticiper, voire éviter, leurs impacts négatifs, tout en développant des modes de vie plus résilients. La transition environnementale est une évolution vers un nouveau modèle de développement durable qui modifie nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble…

OBJECTIFS

Le parcours CTT se construit autour d’un objectif central : former des transitionneurs, professionnels et citoyens en capacité, non seulement, de comprendre les enjeux des transformations en œuvre mais aussi d’être acteurs de ces nécessaires transitions.

La pertinence d’un tel parcours à Sciences Po Rennes s’appuie sur une conviction : les transitions se font, et se feront, dans les champs politique et sociétal tout autant que dans le champ scientifique. Les solutions à développer dépassent largement la recherche de nouvelles techniques moins impactantes pour l’environnement, elles relèvent de décisions économiques, organisationnelles et de gouvernance.   Elles interrogent donc l’ensemble de la société et doivent impliquer décideurs politiques, monde économique, associations et citoyens.

Le périmètre d’action des transitionneurs formé au sein du parcours CTT est très large. Ils doivent pouvoir travailler et agir dans des structures aussi différentes que des associations, des entreprises privées, petites ou grandes, des collectivités territoriales, mais aussi au sein de l’État ou d’organisations supranationales. Les domaines concernés portent, sans exhaustivité, sur l’énergie, le climat, la biodiversité, les ressources, les déchets, la construction de la ville et des territoires ruraux, l’agriculture…

Leurs modes d’action s’appuient sur toutes les dimensions du dialogue, en postulant que les transitions se construisent tout autant dans les échanges, la médiation et la co-construction que dans les rapports de forces. Ce principe dialogique en appelle, selon l’étymologie, à la parole mais aussi à la raison.

ATOUTS - ORIGINALITÉS

Ce parcours a vocation à former des professionnels/citoyens en mesure de concevoir, d’organiser et d’animer des actions et politiques de transition, au sein d’organismes publics, d’entreprises et d’ONG, en intégrant les approches participatives et prospectives dans toutes les dimensions de leurs missions.

Une majeure en participation

Sur les questions environnementales plus encore que dans d’autres domaines, associations, entreprises et institutions publiques font face à une attente croissante du public en matière d’information, de consultation et de concertation. Y répondre suppose d’instaurer un dialogue coopératif entre parties prenantes et citoyens, de transformer les représentations collectives et de lever les blocages aux changements. Les législations française et européenne ont évolué dans ce sens ; elles obligent les porteurs de projets à mettre en place des procédures associant plus ou moins directement le public aux décisions. Parallèlement, se sont développés de nombreux outils et processus de dialogue (débat public, jurys de citoyens, conseils de quartier, conseils de développement, agenda 21, forums électroniques, sondages délibératifs...).

La compréhension et la maîtrise de ces démarches participatives et des cadres dans lesquels elles se mettent en place (M2 - UE1- Outils et techniques de la concertation) est une compétence de plus en plus importante et recherchée. Les fondamentaux de cette discipline sont enseignés dès la première année du master (M1 - UE6- Ingénierie de la concertation).

Un enseignement portant sur toutes les dimensions du dialogue

La conception de telles démarches ne peut se faire sans une compréhension fine de toutes les dimensions du dialogue.

Il faut, pour bâtir et animer des stratégies de participation, comprendre les ressorts et les interactions des individus et des groupes (M2 - UE1- Psychosociologie), analyser la nature de leurs positionnements (M2 - UE1 - Conflits d’échelles, conflits d’acteurs) mais aussi de leurs modalités d’influence et d’action (M2 - UE1 - Lobbying et plaidoyer).

La mise en œuvre de politiques participatives implique l’acquisition de savoir-faire opérationnels permettant une bonne intégration du dialogue entre parties-prenantes dans la conduite de projets. Cela passe par une communication ciblée et efficace (M2 - UE1 - Outils et techniques de la communication) mais aussi par la capacité à organiser et à animer des communautés d’acteurs (M2 - UE1 - Community organizing).

Au-delà des savoir-faire, la conduite du dialogue nécessite l’acquisition de savoir-être permettant aux professionnels issus de ce parcours de trouver le positionnement adéquat. La posture de facilitateur et de médiateur s’acquiert par une pratique appuyée sur des règles de base (M2 - UE1 - Principes et pratique de la facilitation), mais aussi par une réflexion sur sa propre relation aux autres, dans l’interpersonnel et le collectif (M2 - UE1 - Théâtre sensoriel).

Un socle de compréhension des enjeux sociétaux des transitions

Mener les nécessaires transitions à venir relève d’un choix de société dont les fondements interrogent la philosophie, la politique et l’économie. La compréhension de ces fondements permet d’alimenter le dialogue sociétal que les professionnels issus de ce parcours auront à conduire.

L’éthique environnementale s’intéresse, depuis les premiers signes des crises écologiques, au rapport des hommes à la nature. De nouveaux courants de pensée (biocentriques plus qu’anthropocentriques) questionnent la valeur intrinsèque que nos sociétés accordent aux espèces ou systèmes naturels (M2 - UE2 - Philosophie environnementale). Cette évolution reconfigure également les systèmes de gouvernance formels et informels, par lesquels les acteurs s'impliquent afin de prendre part aux décisions publiques, avec l’émergence de modèles décentralisés, participatifs et d’actions collectives ou communautaires (M2 - UE2 - Gouvernance dans un monde en transition). Il convient donc de comprendre la manière dont les politiques publiques intègrent les enjeux environnementaux, à toutes les échelles de décision (M2 - UE2 -Politiques publiques environnementales et transition), tout particulièrement dans des domaines à fort impact environnemental (M2 - UE2 - Politiques énergétiques territoriales, M2 - UE2 - Aménagement du territoire durable et participatif, M2 - UE2 - Documents d'urbanisme et d'aménagement en France, M2 - UE2 - Mobilité et transitions). Un éclairage sur les approches participatives à l’étranger (M2 - UE2 - Expériences internationales de la concertation) complète ce corpus sur les évolutions de la décision sociétale.

L’économie, elle aussi, intègre progressivement le coût environnemental à sa réflexion, en associant, depuis le rapport du Club de Rome, théorie néo-classique et possible épuisement des ressources, mais aussi plus récemment, en interrogeant les formes et la pertinence même de la croissance (M2 - UE2 - Économie de l'environnement). Cette évolution de la théorie économique transforme le monde des entreprises, amenées à changer leurs approches et leurs pratiques (M2 - UE2 - Responsabilité sociale des organisations).

Une majeure en prospective

Les transitions résultent de modifications s’opérant à différents niveaux (micro, méso, macro) et sur le long terme. Dans un monde de plus en plus complexe, incertain, ambigu et controversé, la maîtrise des modes d’exploration de nouvelles représentations du monde, de construction de vues communes et des cadres dans lesquels elles se mettent en place sont des compétences de plus en plus recherchées au sein de collectivités locales, d’organismes publics, d’entreprises et d’associations.

La prospective permet d’élaborer des stratégies d’action partagées, de stimuler l’innovation et les processus d’apprentissage nécessaires pour construire de nouvelles coordinations autour d’autres modes de consommer, de produire, d’habiter, de se déplacer ou d’accéder à la nature. Il s’agit de bâtir une transition collective appréhendée comme processus de changement, de transformation, respectueux de l’environnement et des générations futures (M2 - UE 3 : Prospective et politiques de transitions). Les fondamentaux de cette discipline sont enseignés dès la première année du master (M1 - UE3- Conférence initiation à la prospective).

Un enseignement portant sur tous les facteurs des transitions

Concertation et prospective sont deux outils d’aide à la décision incontournables pour tous les acteurs du développement durable. Pourtant ces deux « disciplines » sont rarement associées. C’est la grande nouveauté de ce parcours : il forme de futurs professionnels à ces démarches complémentaires en leur donnant la capacité de les combiner et de les articuler dans la conception et la mise en œuvre de projets durables.

Pour être pleinement opérationnelles elles doivent être alimentées par une compréhension des fondements scientifiques des grandes problématiques environnementales : climat, biodiversité, ressources naturelles (M2 - UE4 - Approche scientifique du climat, M2 - UE4 - Approche scientifique de la biodiversité, M2 - UE4 - Approche scientifique de la pollution (en collaboration avec l’ENSICAEN), M2 - UE4 - Géographie des gisements de ressources, M2 - UE4 - Approche technique des déchets et de l’économie circulaire, M2 - UE4 - Approche technique de l'énergie (en collaboration avec l’ENSICAEN), M2 - UE4 - Approche scientifique des enjeux alimentaires et agricoles).

Une formation pratique à la conduite de projet

Ce parcours, dans sa dimension professionnalisante, vise à préparer les étudiants à la conduite opérationnelle de projets et de politiques de transition. Cela passe par la maîtrise des outils d’organisation et de pilotage des projets (M2 - UE5 - Conduite de projet), mais aussi par l’acquisition des principes de management dans la conduite du changement (M2 - UE5 - S’outiller pour la conduite du changement). Cela implique également d’intégrer des outils d’analyse, de planification et d’évaluation de l’impact des projets (M2 - UE5 - SIG, M2 - UE5 - Etudes d'impact environnemental, M2 - UE5 - Traitement des données).

La conduite de tel projets environnementaux exige la connaissance des cadres juridique (M2 - UE5 - Droit de l'environnement, M2 - UE5 - Approche juridique des contentieux environnementaux), économique et financier (M2 - UE5 - Montage financier des projets environnementaux) dans lesquels ils s’inscrivent.

Un ancrage fort dans la vie professionnelle

L'alternance dans des organisations publiques et privées, assure également la professionnalisation des étudiants. Ils peuvent y signer un contrat de professionnalisation, un contrat d'apprentissage ou un contrat de stage alterné. Ce système d’insertion professionnelle progressive constitue une véritable plus-value en leur permettant de s’investir dans une expérience professionnelle concrète et d’appliquer directement sur le terrain les enseignements.

Au cours de cette année d’alternance, les étudiants sont accompagnés dans la conception de leur projet professionnel (M2 - UE6 - Projet professionnel) et informés sur la prévention des risques (M2 - UE6 - Harcèlement moral, M2 - UE6 - Prévention des risques psychosociaux au travail).

INSCRIPTION INSTITUTIONNELLE ET PROFESSIONNELLE

Le parcours CTT s'inscrit au sein de la mention Politiques Publiques. Il est co-accrédité par trois institutions rennaises au croisement de l'excellence des sciences humaines et sociales : ENS Rennes, Université de Rennes 1 et Sciences Po Rennes.

Depuis sa création, le parcours CTT bénéficie aussi de partenariats avec de nombreuses structures : collectivités territoriales, grandes entreprises et associations qui confient, chaque année des missions d’études liées à des projets environnementaux (étudiants de master 1) et accueillent des étudiants en alternance tout au long de l’année universitaire de master 2.

Parmi ces partenaires : Energie partagée, Enedis, RTE, EDF, Storengy, Futur Energy, GRTGaz, Engie, Missions Publiques, Etat d’Esprit, Aktan, Scopic, Impact & Environnement, Aire Publique, Comité 21, Maison du Monde, IRD2, Sièml, DREAL, Grand Paris Aménagement, Mairie de Paris, Nantes Métropole, Rennes Métropole, Brest Métropole, Archipel Habitat, Adeupa, Terre de Lien…

Un réseau actif et performant

Outre les professionnels de référence dans les différents domaines des services urbains en réseau traités, le parcours CTT s’appuie sur un réseau d’anciens étudiants regroupés dans un collectif " CTT, anciens & nouveaux ".

PROGRAMME

Le programme du parcours CTT comprend sur deux ans :

  • 793 heures d'enseignements délivrés par des enseignants et praticiens référents dans leur domaine ;
  • Des missions terrains réalisées en groupes (études de contexte et mises en place d’actions de sensibilisation et de concertation en master 1) ;
  • Des ateliers pratiques de mise en situation ;
  • Une alternance de 38 semaines (en contrat de professionnalisation ou en apprentissage) dans une structure publique, privée ou associative

En M1, les étudiants suivront des enseignements pluridisciplinaires qui leur permettront d'aborder les fondamentaux.

En M2, la formation se déroule en alternance, de septembre à juillet, avec un rythme mensuel de trois semaines en structure et d’une semaine de cours.

COMPÉTENCES ACQUISES

Le programme pédagogique se divise en 7 unités d’enseignement qui permettent d'acquérir les compétences techniques et transversales suivantes.

Compétences techniques

Compréhension des enjeux des transitions écologiques :

  • Enjeux de gouvernance dans un monde en transition
  • Analyse des expériences internationales de la concertation
  • Analyse des controverses
  • Enjeux des Politiques publiques environnementales
  • Droit de l'environnement et approche juridique des contentieux environnementaux
  • Stratégie urbaine / stratégie des territoires ruraux
  • Économie de l'environnement
  • Responsabilité sociale des organisations
  • Culture scientifique et technique environnementale
  • Études d'impact environnemental

Maîtrise méthodologique :

  • Outils et techniques de la prospective
  • Outils et techniques de la concertation

Compétences et capacités transversales

  • Pilotage et conduite de projets environnementaux : identification et priorisation des besoins, stratégie d’action, organisation des activités et des tâches, suivi de l’état d’avancement des étapes, identification des risques, suivi de réalisation ;
  • Gestion multi-projets : Capacité à mener plusieurs projets de front ;
  • Aptitude à encadrer des équipes ;
  • Adaptation à des situations complexes, en articulant les enjeux techniques, institutionnels et sociétaux, avec les acteurs et les connaissances mobilisées ;
  • Maîtrise des outils du dialogue (pratique de la facilitation, analyse du lobbying, médiation & communication…)
  • Capacité à convaincre à l'oral : prise de parole en public ;

Maîtrise des outils de communication à l’écrit : présentations visuelles, notes de synthèse stratégique.

ADMISSION

En formation initiale

  • En M1 : être titulaire d'une L3 ou équivalent (180 ECTS) de gestion, droit, économie, urbanisme, de Sciences Po, d’ingénieur ou d’architecte obtenu en Europe ou à l’étranger.
  • En M2 : être titulaire d'un M1 ou équivalent (240 ECTS) de gestion, droit, économie, urbanisme, de Sciences Po, d’ingénieur ou d’architecte obtenu en Europe ou à l’étranger.

En formation continue  

  • Justifier d’un diplôme de niveau M1. Les candidatures des non-titulaires d’un M1 sont examinées selon la procédure de validation des acquis.

Une mobilité internationale antérieure (stage ou programme de mobilité étudiante) est souhaitée.

20 places maximum sont proposées, la sélection s’effectue sur dossier et entretien.

DÉBOUCHÉS PROFESSIONNELS

  • Chargé de mission concertation/projet urbain/développement durable
  • Chef de projet, consultant en concertation
  • Chef de projet développement éolien
  • Consultant en développement socio-économique
  • Chargée d’études de préfiguration, chargé de projet
  • Chargée des transitions territoriales
  • Études et conseils en ingénierie
  • Animateur, chargé de missions RSE

 

Parc solaire, Parc éolien - Photo © Pixabay

 

Secrétariat du master

Campus de Caen :
Karim SAMMOUR
campus.caen@sciencespo-rennes.fr
Tél. +33 (0)2 31 47 33 74

Responsable du master

Pierre LEFEVRE
pierre.lefevre@sciencespo-rennes.fr