cours deuxième année

La politique comparée, qui est à la fois une méthode d’analyse et un sous-champ de la science politique, s’est constituée au croisement de toutes les disciplines des sciences sociales. Soucieuse d’articuler construction théorique et analyse empirique, elle vise à comprendre la structuration du pouvoir politique et son expression par l’usage de la comparaison. Son développement a permis que des questionnements de science politique longtemps réservés aux systèmes politiques occidentaux puissent être mis à l’épreuve pour expliquer des réalités politiques dans des espaces non occidentaux. Ces questionnements ont donné lieu à des débats passionnés sur la compatibilité de la modernité politique définie par l’Occident avec la culture des pays non occidentaux, ou au contraire à des appels incantatoires à la diffusion, voire à la prescription du modèle de la démocratie libérale qui procèdent largement de raisonnements simplistes et de méconnaissance profonde des processus complexes de construction des systèmes politiques.

Au-delà de l’analyse des ressemblances/dissemblances, le regard comparatif permet de saisir comment se transforment les systèmes politiques non occidentaux par des phénomènes d’emprunts mais aussi d’adaptation et d’innovation. En retour, la méthode comparative autorise une plus juste appréhension des spécificités politiques occidentales et non occidentales.

Ce cours se focalisera en particulier sur les dynamiques politiques hors de l’Occident. Il s’agira de s’intéresser aux circulations des formes politiques occidentales importées/exportées vers des réalités socio-politiques différentes de celles où elles sont nées.

Dans la première partie du cours, on verra que l’analyse des systèmes politiques a longtemps été dominée par la référence à des dynamiques politiques occidentales entendues comme universelles, et ce même quand celles-ci sont contestées.

On s’interrogera dans la seconde partie sur la greffe de l’Etat dans des régions non occidentales (Afrique, Amérique latine, Moyen Orient) et sur ses effets analysés en termes de dysfonctionnement ou de réappropriation.

Enfin, dans la troisième partie, on se questionnera sur l’extension de la « démocratie », consacrée comme modèle et valeur suprême de la modernité politique. Nous verrons que les changements politiques se déclinent selon des processus différents obéissant à des dynamiques socio-historiques diverses.

Plan :

Introduction

1. Définitions et intérêts de la politique comparée
2. Historique de la discipline
3. Questions de méthode

1^ère Partie : La politique comparée : sortir de l’universalisme et du relativisme culturel

 Chapitre 1. Le développement : un modèle universel ?

1. L’invention du développement
   1. Une nouvelle vision du monde
   2. Doctrine et institutions internationales du développement

       2. Prédétermination économique du développement politique
                 1. Les étapes de la croissance économique
                 2. Le développement économique et social comme facteur du développement politique
                 3. Le politique, instrument du développement

Chapitre 2. Les théories de la dépendance, critique du développementalisme

1. Les fondements
   1. L’impérialisme
   2. Le modèle centre/périphérie
2. Le paradigme dépendantiste
   1. Une vision historique de la périphérie
   2. « Le développement inégal »

Chapitre 3. Les approches culturelles

1. La culture : valeurs partagées et héritage transmis
   1. Le culturalisme, une approche anthropologique de la culture
   2. La construction behaviouriste de la culture
2. La culture : le produit d’une interaction
   1. La culture comme un système de signification
   2. Culture et explication sociologique
3. Les area studies : l'hyper-spécialisation au risque de la ghettoisation intellectuelle
   1. Une connaissance poussée des aires culturelles
   2. Les limites des areas studies
4. Les postcolonial studies: la réponse à l’Occident
   1. Une diversité d’approches
   2. Limites et failles de la pensée post-coloniale

2^ème Partie : L’hybridation des régimes

 Chapitre 1. L’importation des modèles et ses limites

1. L’occidentalisation imposée
   1. Universalisation du modèle occidental et dépendance
   2. Les stratégies d’importation du modèle politique occidental
2. La rupture entre élites et société
   1. Faible capacité de sens des produits importés
   2. L’Etat « néo-patrimonial »
3. Dualisation entre culture importée et culture populaire

Chapitre 2. Trajectoires historiques et réappropriation

1. La politique par le bas
   1. Restituer les dynamiques propres des sociétés africaines
   2. Une nouvelle méthode d’analyse
2. L’Etat au Cameroun : processus de créolisation et d’hybridation

3^ème Partie : Diffusion des normes démocratiques et recomposition des régimes

Chapitre 1. L’approche diffusionniste

1. L’héritage colonial : l’exemple de l’Inde
   • L’apprentissage colonial
   • Les raisons du succès de la greffe : la démocratie par la caste
   • Inde et Pakistan : histoire commune, trajectoires divergentes

2. Le contexte international
   • Les différentes modalités d’extension du règne démocratique dans le monde
   • De la démocratie dérogative à l’Etat sécuritaire : où va la Turquie ?
   • La démocratie prescrite

Chapitre 2. La société démocratique

1. Le rôle central de la bourgeoisie
   • Les liens établis entre capitalisme et démocratie
   • Les effets de la libéralisation économique dans les pays arabes

2. La société civile
   1. Démocratie et société civile
   2. Les conséquences paradoxales de l’émergence de la société civile

Chapitre 3. La négociation entre élites politiques, conditions de la transition démocratique ?

1. La transitologie
   1. La démocratie comme mode de régulation des conflits entre élites
   2. Le modèle espagnol de transition démocratique et ses usages contemporains

      2. Limites de la transitologie
           1. La société ignorée
           2. L’Amérique latine, « la démocratie dégradée ? »

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Voir également le site web du Fonds d’analyse des sociétés politiques (FASOPO) : http://www.fasopo.org/

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