cours deuxième année

Les politiques publiques constituent un élément central de nos sociétés contemporaines. Elles orientent nos comportements quotidiens ; elles régissent les relations entre les citoyens, entre citoyens, élus et administrations, entre des organisations politiques ; elles constituent et régulent les marchés ; elles façonnent les mouvements sociaux.

Longtemps considérées comme des programmes d’action gouvernementaux décidés et mis en œuvre par les Etats, les politiques publiques ont été déconstruites dans le dernier tiers du XXème par les sociologues qui observent trois types de ruptures dans un contexte de crise économique qui a fortement réduit les capacités politiques et financières des Etats dans les années 1970. (1) Les échelles de pouvoir se multiplient : avec les processus de décentralisation, d’européanisation et d’internationalisation, l’Etat n’est plus le seul maître des politiques publiques. (2) Ensuite, des acteurs plus divers et plus nombreux interviennent dans la constitution de problèmes publics et dans la conception des politiques publiques : des acteurs privés, associatifs, semi-publics, les citoyens... Les cibles des politiques publiques ne sont pas passives : des groupes se mobilisent et, par l’action collective ou via des dispositifs de participation plus ou moins formalisés, peuvent influencer les politiques publiques. (3) Enfin, l’idée même de décision publique est remise en cause : les politiques publiques sont plus issues de processus chaotiques conflictuels que de grandes décisions présentées comme rationnelles.

Tous ces changements ont poussé les sociologues à ne plus parler simplement des activités de gouvernement (faisant référence à l’ensemble des activités de prise et d’imposition de décision, d’arbitrage, d’agrégation d’intérêts et de régulation de conflits de façon verticale) mais aussi de gouvernance (processus de coordination d’acteurs divers dans une dimension plus horizontale). Les spécialistes des politiques publiques préfèrent dorénavant parler d’action publique et adoptent une posture sociologique distincte des approches des juristes et des praticiens. Le cours rend compte de ces changements dans la façon dont les sociétés sont gouvernées et régulées, en concevant l’action publique comme une action collective, multiniveaux et conflictuelle. Le cours présente les auteurs fondamentaux en science politique et en sociologie, mobilise des exemples français, européens et internationaux, sur des secteurs variés de politiques publiques.

Modalités d’évaluation : Dissertation sur table en fin de semestre (3 heures)

Des manuels de sociologie de l’action publique (se procurer et lire l’un des trois) :

• Hassenteufel, P., 2009, Sociologie politique : l’action publique, Paris, Armand Colin.
• Lascoumes, P. et Le Galès, P., 2007,, Sociologie de l’action publique, Paris, Armand Colin, coll. 128.
• de Maillard, J. et Kübler, D., 2015, Analyser les politiques publiques, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.

Un dictionnaire à consulter régulièrement à la bibliothèque ou sur Cairn

• Boussaguet, L., Jacquot, S., Ravinet, P. (dir.) (plusieurs éditions), Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Presses de Sciences Po.

 Pour aller plus loin, notamment sur des politiques sectorielles :

• Borraz, O. et Guiraudon, V. (dir.) (Deux tomes : 2008 et 2010), Politiques publiques 1 et 2, Paris, Presses de Sciences Po.
• De Maillard J. et Surel Y. (dir.), 2012, Les politiques publiques sous Sarkozy, Paris, Presses de Sciences Po.

Au cours du semestre, lire au moins un ouvrage au choix :

• Barthe, Y., 2005, Le pouvoir d’indécision : La mise en politique des déchets nucléaires, Paris, Economica.
• Callon M., Lascoumes P. et Barthe Y., 2001, Agir dans un monde incertain : essai sur la démocratie technique, Paris, Éditions du Seuil.
• Dubois, V., 1999, La vie au guichet. Relation administrative et traitement de la misère, Paris, Economica.
• Epstein, R., 2013, La rénovation urbaine. Démolition-reconstruction de l’Etat, Paris, Presses de Sciences Po.
• Howard, B., 1985 (1963), Etudes de sociologie de la déviance, Paris, Le Métaillé.
• Jabko, N., 2009, L’Europe par le marché. Histoire d’une stratégie improbable, Presses de Sciences Po.
• Laurens, S., 2015, Les courtiers du capitalisme. Milieux d’affaires et bureaucrates à Bruxelles, Marseille, Agone.
• McAdam D. et Schaffer Boudet H., 2012, Putting Social Movements in their Place. Explaining Opposition to Energy Projects in the United-States, 2000-2005, Cambridge, Cambridge University Press.
• Page, E., 2012, Policy Without Politicians: Bureaucratic Influence in Comparative Perspective, Oxford, Oxford University Press.
• Streeck, W., et Thelen, K., 2005, Beyond Continuity: Institutional Change in Advanced Political Economies, Oxford, New York, Oxford University Press.